« Le souffle du Puissant me fait vivre. » Quelle belle parole du livre de Job ! Mais ce n’est pas Job qui la prononce. C’est Élihou, son ami. Et il a beau jeu de lui faire cette leçon, tandis que Job est au fond du gouffre. On pourrait lui répondre : « le souffle, comme tes belles remarques, ce n’est que du vent. » C’est la question que nous allons creuser cette semaine de carême. Si Dieu crée par son souffle, si son Esprit engendre en nous la vie, comment expliquer que l’homme n’est qu’un souffle et que toute fleur fane ?

Nous pouvons dire alors avec Qohèleth : « Le vent part vers le sud, il tourne vers le nord ; il tourne et il tourne. Rien de nouveau sous le soleil. » En effet, les guerres se succèdent, les faits divers se répètent : un meurtre ici, un accident là, et des scandales. Ce qui semblait solide finit toujours par s’effondrer. Tout se répète, et oui, tout cela n’est que vanité et poursuite du vent. Le mal dans sa banalité. Où est donc ce souffle créateur ? Au commencement du monde ? Mais c’est maintenant que nous attendons la nouveauté de Dieu dans nos vies ! Alors chaque jour, cette semaine, tentons de répondre. Pour aujourd’hui, juste une piste…

Deux religieuses d’Amérique latine nous rendent visite dans mon couvent en Suisse. Je dois partir et il n’y a personne pour s’occuper d’elles. Mais je connais une dame qui parle espagnol et qui vit quelques rues plus loin : Linda, une prostituée. Je lui envoie vite un SMS, et elle me répond tout aussi vite. Bien sûr, elle accepte de leur faire visiter la ville, et même de monter sur le toit de la cathédrale, de prier et d’aller prendre une glace. Elle ajoute seulement : « Ne leur dis pas qui je suis. » La vie d’une prostituée n’est qu’attente. Attendre dans la rue, chaque jour et chaque nuit, que le client vienne, une routine… Linda, cette fois-ci, vivait une autre rencontre. Il y avait, dans le secret… du nouveau.