“Allégresse pour qui s’abrite en toi, joie éternelle !
Psaume 5, 12
Le pèlerin n’est pas tout à fait un randonneur. Un randonneur multiplie les ascensions et les cols, les boucles et les détours, pourvu qu’il y ait ici un sommet, là-bas un lac, quelque chose qui lui en mette plein les yeux. Le pèlerin, lui, va quelque part, et c’est tout autre chose. Il ne fait que passer, il est en chemin.
Mon pèlerinage m’a découvert d’innombrables merveilles — l’Aubrac et les Asturies ! —, mais il y eut aussi des heures plus arides, plus austères, des forêts d’eucalyptus, des champs de tournesols, des entrées d’agglomérations, des bas-côtés. C’était moins beau, moins riant. Sur ces chemins-là, le pèlerin ne croise plus de randonneurs. Je ne m’en suis pas rendu compte tout de suite. C’est quand j’en ai pris conscience que j’ai compris que j’étais justement devenu un pèlerin. Dans le fond, ces moments-là étaient beaux et joyeux, tout autant que les « grands » jours. J’éprouvais de la joie là-même où beaucoup n’auraient jamais imaginé pouvoir en trouver : dans le commun.
Je le sais désormais de source sûre : Dieu est partout et partout il donne sa grâce. Et la grâce de Dieu n’a jamais saveur plus vive que là où elle surprend et détonne. Dans une rencontre apparemment banale, au travail, dans la solitude.
Pas davantage que la vie elle-même la joie ne se fabrique. Elle ne se décrète pas. La simuler, c’est la trahir. « Cela ne vient pas de nous, c’est le don de Dieu. » (2e lecture de ce dimanche) Elle se reçoit comme se reçoit le vin étourdissant de Cana. Nul n’en est le maître, sinon le Maître de la vie elle-même.
Pas davantage que la vie elle-même la joie n’est un jouet. Elle est un trésor, la perle de grand prix de l’Évangile. L’homme qui, dans l’Évangile, découvre le trésor caché, « va vendre tout ce qu’il possède », et il achète le champ. Il donne tout.
Ainsi, le pèlerin, tendu vers le but de son pèlerinage, qui rassemble toutes ses forces pour aller ultreïa, toujours plus loin. Il sait que Saint-Jacques n’est qu’une étape : le véritable pèlerinage ne fait que commencer et ne trouvera son terme que dans le royaume de Dieu.
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À vous la parole
18 commentaires
Rédiger un commentaire« Merci frère Lionel pour ce pèlerinage de cette semaine que vous nous avez offert. Nous vous avons suivi tout au long avec une grande joie. Et le chemin continue ! Que Dieu vous bénisse !! »
Lire la suitemonette - 11 mars 2024 - 16:14
« Merci Frère Lionel pour cette superbe semaine de méditations sur le chemin de Saint-Jacques ! Carême dans la ville a vraiment pris son envol, accompagné comme tous les samedis par les magnifiques vidé... »
Lire la suitePatrick - 10 mars 2024 - 22:28
« André Chouraqui, longtemps maire de la ville de Jérusalem, connaisseur des traditions culturelles qui ont porté les livres de la Bible, s’est autorisé il y a quelques années, une nouvelle traduction d... »
Lire la suiteEdith STEIN - 10 mars 2024 - 20:46
« Merci Frère Lionel pour vos méditations qui m’ont touchées.
Lire la suiteElles ont été ma « joie » de la semaine.
Michèle »
Couëdic Gérald - 10 mars 2024 - 20:12
« Oui, la joie est un trésor, la perle de grand prix de l’Évangile. Que je sache à voir, la découvrir même dans les jours moins heureux Merci »
Lire la suiteclaudemarie - 10 mars 2024 - 18:58
« Merci, frère Lionel, pour ce beau pélerinage que vous nous avez permis de vivre durant cette semaine ! »
Lire la suiteMyriam - 10 mars 2024 - 18:08