Aujourd’hui, nous vivons notre mission de mendicité dans un quartier populaire. Un grand jeune homme baraqué, tatoué, ouvre sa porte. Il ne peut contenir sa joie. « Vous voulez manger ? Chez nous ? Mais oui, bien sûr, entrez, installez-vous, mes sœurs ! » Nous devisons avec Dejan, assises autour d’une table minuscule ; lui se tient debout, sa mère et sa sœur à distance. Ils viennent des Balkans et portent dans leur chair la grande blessure de la guerre.

Dejan est bouleversé. « Ce qui se passe là, entre nous, dit-il, c’est comme une histoire que j’ai lue dans un livre. Un jour, une pauvre mendiante vient sonner à la porte d’une maison très riche. La maîtresse de maison ouvre et la renvoie sur-le-champ. La mendiante revient une deuxième fois, en vain, puis une troisième fois. Excédée, la femme ouvre la porte et tombe à genoux. En face d’elle, il y a une reine, il y a… la Vierge Marie ! » Et Dejan d’ajouter : « Si vous saviez combien de fois j’ai prié pour que cette histoire m’arrive, que quelqu’un frappe à ma porte et que… » Une petite sœur dit : « Mais Dejan, c’est arrivé aujourd’hui ! La Vierge Marie a sonné à ta porte et tu l’as accueillie. Elle est là. » 

Alors, ce grand gaillard se tourne vers le mur pour sangloter doucement, de bonheur. C’est vrai. Elle est là avec nous, la servante du Seigneur. Elle est aussi Reine. Elle est notre Mère. Une Mère pleine d’amour pour partager avec nous la grâce de Dieu… telle est sa joie ! Telle est notre joie !