Au soir du Vendredi saint, le larron est avec Jésus et le disciple bien-aimé avec sa mère. Au larron, Jésus dit : « En vérité, je te le dis, aujourd’hui tu seras avec moi dans le paradis ».*

Seul, il est seul, renié, bafoué, torturé, à bout de force. Jésus devient l’Intouchable, crucifié comme un esclave.

En cette heure sombre, le premier à entrer au paradis, c’est-à-dire dans le monde de Jésus, va être un brigand. Jusque sur la croix, Jésus nous donne une illustration de sa parole libératrice où les derniers deviennent les premiers pour avoir su l’aimer et reconnaître en lui le Sauveur. Saint Jacques a cette formule : **  « Parlez et agissez comme des hommes qui vont être jugés par une loi de liberté. » « Une loi de liberté », cela ne veut pas dire faire n’importe quoi, c’est répondre à l’exigence d’aimer Dieu et d’aimer son prochain dans la prière, le partage et le pardon.

À Marie, Jésus dit : « Femme, voici ton fils. » Et à Jean : « Voici ta mère ».***  Jésus, par ces paroles, montre ce qu’est une vie donnée. Il ne garde rien pour lui, il donne tout, allant jusqu’à confier sa mère au disciple bien-aimé. Marie, la Mère de Dieu, devient, par ce geste de Jésus, la Mère de tous les croyants. Voilà la nouvelle Ève d’une humanité recréée : dans la douleur de cet enfantement, toute la Création est sauvée.

Marie, à la discrète mais fidèle présence, sera au milieu des apôtres au jour de la Pentecôte, pour accueillir l’Esprit, le souffle à l’œuvre pour briser toutes les fatalités, orienter notre liberté vers le service des frères et des sœurs, vers le service de la paix et de la non-violence, vers le service de cette maison commune qu’est notre terre. 

* Luc 23, 43.
** 1Jc 2, 12-13.
*** Jn 19, 26-27.
Illustration : Crucifixion - Jean-Baptiste de Champaigne