Les consonnes de la grâce résonnent toujours dans la lignée du roi David, héritière d’une promesse d’éternité. Encore faut-il qu’elle traverse le temps, qu’elle garde le rythme. L’enthousiasme exubérant de celui qui dansait devant l’arche  devient quelques générations plus tard l’histoire d’un descendant royal, Ézékias, qui a la mort dans l’âme : « Je disais au milieu de mes jours je m’en vais ; j’ai ma place entre les morts pour la fin de mes années ».* Et pourtant, il chante un cantique qui résonne le mardi matin, à l’office des Laudes : « Comme l’hirondelle je crie, je gémis comme la colombe ».** 

Ézékias signifie : « Le Seigneur fortifie. » Prophétie tout à propos, car on ne compte plus les emballements momentanés, les enthousiasmes d’un instant. Dans le cœur de ce descendant de David, le souffle qui parcourt le Livre des louanges se mêle à l’homme qui sait trop bien que son souffle s’en va et retourne à la terre. Mais les morts ne louent pas le Seigneur.  Alors Ézékias combat en chantant. Il mêle ses lettres à l’Esprit, son soupir au souffle de vie : « Tu me tires du néant de l’abîme […] le vivant, le vivant lui te rend grâce comme moi aujourd’hui ».***

Consonances étonnantes entre les gémissements de la colombe et les soupirs royaux… « Seigneur, viens me sauver ! Et nous jouerons sur nos cithares… ».**** Hosanna, c’est-à-dire « viens sauver », qui monte des profondeurs, « et moi qui ne cesse d’espérer, j’ajoute encore à ta louange ».*****

* Is 38, 10
** Is 38, 14
*** Is 38, 17-19
**** Is 38, 20
***** Ps 70, 14
Illustration :  David jouant devant l'arche - Antoine Dieu