Je vous invitais hier à semer les voyelles de la louange dans le souffle du soupir. Bien entendu, il ne convient pas de se payer de mots. Il faut plus que des voyelles pour réanimer le désir de rendre grâce… Il faut aussi des consonnes ! J’entre donc en matière aujourd’hui, littéralement. 

Connaissez-vous l’histoire de Léa, la femme mal-aimée du patriarche Jacob ? Il en a fallu, du temps, pour qu’elle rende grâce à Dieu ! Soupirant après un mari qui ne l’a pas choisie, il lui faudra quatre grossesses heureuses pour reconnaître enfin sa bénédiction et retrouver le souffle de la louange. Dès le départ : « Le Seigneur vit que Léa n’était pas aimée et il la rendit féconde »*. Elle eut trois fils : Ruben, Siméon, Lévi, trois prénoms qui expriment la détresse habitant le cœur de leur mère**. Mais pour le quatrième, elle dit : « Cette fois-ci, je louerai le Seigneur ! » C’est pourquoi elle l’appela Juda.

« Juda », c’est la grâce en consonnes hébraïques. C’est le fruit de reconnaissance sur les lèvres d’une femme éprouvée dans son désir d’aimer et d’être aimée. C’est le signe sensible, sonore, de la victoire de Dieu dans l’âme de Léa qu’il voulait conquérir, plus encore qu’elle ne souhaitait l’amour de son mari. 

Il y a tellement de Léa autour de nous, enfermées dans une détresse qui les rend aveugles à une grâce réelle. Apprenons à reconnaître où Dieu nous fait grâce concrètement. La naissance d’un enfant, un nom, quelques consonnes… Les mots ont du poids, les consonnes émergent du cœur de Léa qui a retrouvé son souffle : Juda, c’est le nom dans la lignée duquel se profile la silhouette du Messie victorieux. 

Suivons la grâce à la trace… 

* Gn 29, 31
** Gn 29, 32-34